Ernest von Willich était un jeune garçon de douze ans, fils unique de M. Ehrenfried de Willich, et petit-fils du grand théologien Friederich Schleiermacher. C'était un enfant plein de vie et richement doué. Ses parents l'avaient conduit à la campagne, chez une tante, pour y passer ses vacances, et l'y avaient laissé jouissant du grand air, de, la belle nature et de la liberté. Mais tout à coup il perdit son entrain. Son exubérance de vie fit place à une lassitude extrême. Bientôt il se plaignit que le genou lui faisait mal. Comme on ne remarquait ni enflure, ni ecchymose sur le membre endolori, la bonne tante fit étendre son jeune malade sur un sofa, lui apporta des livres et lui recommanda le rester bien tranquille, espérant que cela ne tarderait pas à aller mieux. Mais au lieu de cela, les douleurs devinrent si violentes qu'il fallut l'emmener immédiatement à B., chez ses parents. le médecin, appelé en toute hâte, ne put se prononcer dès l'abord sur la nature du mal mystérieux qui venait de se déclarer si brusquement. Il ordonna que le jeune Ernest demeurât étendu dans une immobilité complète.
Sur le lit de maladie dont il ne devait jamais se relever, Ernest von Willich, qui avait été jusqu'alors un garçon rempli d'entrain et de vie, montra une douceur et une patience remarquables. Il souffrait ce pendant beaucoup. Au bout de quelques semaines, il se forma sur le genou malade, puis sur d'autres parties du corps, des tumeurs qui percèrent plus tard et préparèrent au pauvre malade d'indicibles tortures. Il vint même un moment où les parents affligés ne surent plus comment prendre ce pauvre corps et dans quelle position le coucher.
Et cependant, au milieu de ses souffrances atroces, l'enfant gardait une inaltérable confiance en Dieu. Jamais il ne sortait de sa bouche un murmure ou une parole d'impatience. Le bâton et la houlette du bon Berger le rassuraient ; il était plus calme, plus, résigné que, tous les siens, et il ne cessait de consoler ses parents profondément, affligés. Il semblait qu'on vit grandir son âme à mesure que le mal détruisait son pauvre corps.
Quand la souffrance lui laissait un peu de répit, Ernest de Willich se plaisait à composer des cantiques. Rien ne lui faisait plus de bien que d'exprimer de la sorte sa confiance dans le Sauveur. Puis, quand les heures de crise devenaient plus cruelles, loin de se laisser aller, il trouvait dans les vers que lui avait dictés sa foi, un motif de plus de lutter, de persévérer et de croire. Ces poésies touchantes soutenaient aussi ses parents affligés, quand ils sentaient leur courage défaillir, et, plus tard, quand leur fils unique eut fermée les yeux pour toujours, ce précieux monument de sa foi leur demeura comme une consolation.
Une de ces poésies a été mise en. musique par l'oncle d'Ernest de Willich, le maître de chapelle Radecke, et est devenue l'hymne favorite de l'empereur Frédéric. En voici la traduction:
Quand Dieu nous donne une croix, Supportons-la sans murmure; Regardons au Roi des rois
Qui console sans mesure. Quoi qu'il m'arrive, ô Seigneur, Avec Toi, plus de frayeur.
Faible est souvent notre cœur, Rempli de désespérance, Quand s'éteint toute lueur
De joyeuse confiance; Mais, Seigneur, dans ton chemin Je suis heureux sous ta main.
Quand j'espère dans la foi, Quand je t'invoque, à mon Père, Quand ta main se tend vers moi,
Plus d'angoisse et de misère; Sur toi repose mon cœur Quoi qu'il m'arrive, ô Seigneur!
L'auguste malade aimait à se la faire chanter. Dans la grande et mystérieuse épreuve qui l'avait frappé, elle descendait sur son cœur comme une brise céleste, et Dieu se servit ainsi du cantique d'un enfant mourant, comme d'un messager pour porter la consolation et la paix dans la chambre de maladie d'un empereur.
Sur le lit de maladie dont il ne devait jamais se relever, Ernest von Willich, qui avait été jusqu'alors un garçon rempli d'entrain et de vie, montra une douceur et une patience remarquables. Il souffrait ce pendant beaucoup. Au bout de quelques semaines, il se forma sur le genou malade, puis sur d'autres parties du corps, des tumeurs qui percèrent plus tard et préparèrent au pauvre malade d'indicibles tortures. Il vint même un moment où les parents affligés ne surent plus comment prendre ce pauvre corps et dans quelle position le coucher.
Et cependant, au milieu de ses souffrances atroces, l'enfant gardait une inaltérable confiance en Dieu. Jamais il ne sortait de sa bouche un murmure ou une parole d'impatience. Le bâton et la houlette du bon Berger le rassuraient ; il était plus calme, plus, résigné que, tous les siens, et il ne cessait de consoler ses parents profondément, affligés. Il semblait qu'on vit grandir son âme à mesure que le mal détruisait son pauvre corps.
Quand la souffrance lui laissait un peu de répit, Ernest de Willich se plaisait à composer des cantiques. Rien ne lui faisait plus de bien que d'exprimer de la sorte sa confiance dans le Sauveur. Puis, quand les heures de crise devenaient plus cruelles, loin de se laisser aller, il trouvait dans les vers que lui avait dictés sa foi, un motif de plus de lutter, de persévérer et de croire. Ces poésies touchantes soutenaient aussi ses parents affligés, quand ils sentaient leur courage défaillir, et, plus tard, quand leur fils unique eut fermée les yeux pour toujours, ce précieux monument de sa foi leur demeura comme une consolation.
Une de ces poésies a été mise en. musique par l'oncle d'Ernest de Willich, le maître de chapelle Radecke, et est devenue l'hymne favorite de l'empereur Frédéric. En voici la traduction:
Quand Dieu nous donne une croix, Supportons-la sans murmure; Regardons au Roi des rois
Qui console sans mesure. Quoi qu'il m'arrive, ô Seigneur, Avec Toi, plus de frayeur.
Faible est souvent notre cœur, Rempli de désespérance, Quand s'éteint toute lueur
De joyeuse confiance; Mais, Seigneur, dans ton chemin Je suis heureux sous ta main.
Quand j'espère dans la foi, Quand je t'invoque, à mon Père, Quand ta main se tend vers moi,
Plus d'angoisse et de misère; Sur toi repose mon cœur Quoi qu'il m'arrive, ô Seigneur!
L'auguste malade aimait à se la faire chanter. Dans la grande et mystérieuse épreuve qui l'avait frappé, elle descendait sur son cœur comme une brise céleste, et Dieu se servit ainsi du cantique d'un enfant mourant, comme d'un messager pour porter la consolation et la paix dans la chambre de maladie d'un empereur.