Dans un train régional allemand, deux hommes parlaient de l'au-delà. L'un d'eux affirmait avec assurance qu'après la mort tout est fini. L'autre en était moins sûr et avançait de prudentes objections.
Assis dans le même compartiment, un vieux paysan suivait la discussion avec intérêt. Son visage buriné portait les marques d'une vie de travail et de peine, mais aussi de réflexion et d'harmonie intérieure.
Le premier interlocuteur se mit à claironner : “Si quelqu'un veut encore croire à ces vieilles histoires, libre à lui. Il peut bien y croire jusqu'à sa fin. Aurait-il le courage de s'exprimer ici ? Mais pour moi, ce qui est certain, c'est que quand on est mort, on est bien mort, et qu'aucune porte ne s'ouvrira sur l'au-delà... Ou alors ce sera la surprise !”
À ce moment-là, le vieil homme ne put plus se contenir. “Si j'ai bien entendu, dit-il d'une voix profonde comme s'il se parlait à lui-même, on a débité de belles sornettes ! On pense que celui qui est mort et bien mort peut encore être surpris ? Tout n'est donc pas fini… Et cette surprise pourrait bien être celle d'un incroyant, en particulier de celui que nous venons d'entendre… Quand il mourra, et que s'ouvrira pour lui la porte de l'Éternité devant Dieu, je pense bien que là, ce sera vraiment la grande surprise. Et on ne pourra pas plaisanter.”
Le silence tomba d'un coup sur le compartiment ; personne n'avait plus envie de rire.