Je gagnai des tournois mais je me sentais vide
La française Mary Pierce a connu une véritable renaissance après sa conversion au christianisme. Depuis elle témoigne de sa foi avec simplicité mais conviction, sur les courts comme en dehors ...
Elle arrive, décontractée et souriante, en grande discussion avec une amie accrochée à son bras. David, son frère et entraîneur, la précède. Il pose ses raquettes à l’arrière de la petite Citroën C3 gris métallisé de sa sœur, notre point de rendez-vous. Franche poignée de main. Un grand soleil baigne les allées de Roland Garros. Ce serait dommage de s’enfermer dans un bureau, non ?, remarque la numéro 6 mondiale. Direction le court central. Les 15000 fauteuils sont encore recouverts d’un plastique vert. En contrebas, des gamins jouent sur la terre battue, les lignes blanches n’ont pas encore été tracées. Le tournoi le plus prestigieux de la planète commence dans quelques semaines à peine. Sur trois finales, la Française née à Montréal en a remporté une, en 2000 ( elle a aussi remporté le titre cette même année en double ). Le public la redécouvre cette année-là. Oubliée la jeune fille aux grosses lunettes et mal dans ses baskets, qui avait perdu une première finale en 1994 : Mary est souriante, apaisée ... et jouant chaque match avec un chapelet autour du cou. Elle s’y accroche, le sert dans son poing entre les échanges. Ce chapelet m’avait été offert par mon ex-fiancé, un joueur de base-ball portoricain. J’allais me marier avec lui ..., se souvient-elle assise sur une marche en béton des gradins.
Je gagnai des tournois mais je me sentais vide
Mary fait une queue-de-cheval de ses longs cheveux blonds tout en se remémorant cette année 2000. "J’étais très connue, je gagnai des tournois et beaucoup d’argent ... Aux yeux du monde, j’avais tout pour être heureuse. Mais moi, je sentai que je n’avais rien, que j’étais vide, que quelque chose me manquait." Elle cherche alors la paix intérieure dans le bouddhisme, dans le New Age et ses énergies. Plus jeune, elle a pourtant été élevée dans la foi catholique : école catholique, messe tous les dimanches en famille, première communion ... Mais à l’école, on ne m’a jamais appris quoi que ce soit sur Dieu. Et je ne comprenais rien à la messe. Lors d’un tournoi, elle rencontre Linda Wild, une joueuse américaine du circuit professionnel. J’ai senti qu’elle était différente. Tout le monde se moquait d’elle parce qu’elle était toujours souriante, heureuse, bien. On a commencé à passer du temps ensemble, elle m’invitait souvent à dîner. Grâce à sa nouvelle amie, Mary découvre qui est Jésus, qu’il est mort pour ses péchés, qu’elle est pardonnée, qu’elle a la vie éternelle. Pour moi, c’était ... waouh !!! s’exclame la championne. Mais il faut encore faire le grand saut de la confiance et de l’abandon total en Dieu. Ce sera pour Mars 2000, en Californie. Je me souviens très bien de ce matin-là, de cette chambre d’hôtel. J’avais perdu mon match deux jours avant. Dans ma vie, c’était de pire en pire. J’étais tombée très, très bas. Je suis sortie de mon lit et je me suis dit : J’arrête d’essayer de mener ma vie moi-même car cela me mène à rien. Soit ça me fait du mal, soit j’en fais aux autres. Et j’ai choisi de donner ma vie au Seigneur. Je lui ai dit : désormais, c’est toi qui contrôles.
Dans sa nouvelle vie, elle a pour coachs la Bible et Jésus
Eliminée du tournoi, la tenniswoman rentre chez elle, en Floride. Dans sa voiture, elle allume l’autoradio. J’ai entendu une voix d’homme qui a commencé à dire : Si vous avez envie de recevoir Jésus dans votre coeur, dans votre vie ... Je ne savais même pas que des radios chrétiennes ça pouvait exister ! Dans son garage, encore installée au volant de sa voiture, Mary commence à prier comme le propose le pasteur à la radio. La révélation par les ondes d’une relation personnelle, unique, entre la championne et Dieu. Elle se confie à lui. "Depuis ce jour, je lui appartiens !" Dès lors, un nouveau set du match de sa vie débute. Avec pour coachs la Bible et Jésus. "La Bible m’a vraiment touchée. Ce que je lisais me parlait très fort et souvent, je me disais : C’est exactement ce qui se passe dans ma vie." Et sa vie change. Son fiancé, qui ne comprend plus la nouvelle Mary, préfère mettre un terme à leur relation. De son côté, elle trouve la force de pardonner à son père, Jim, un ancien commando de marine, qui a transformé son enfance en un interminable camp d’entraînement.
De retour en France depuis Juin 2004, réconciliée avec sa famille, Mary s’est découvert de nouveaux frères et sœurs dans l’assemblée chrétienne évangélique de Chaville, en banlieue parisienne, qu’elle fréquente assidûment. Parfois, des personnes se disent touchées de me voir louer le Seigneur avec un cœur humble, de m’humilier devant lui ... Son renouveau personnel se traduit également dans sa manière de vivre son sport. Avant, je jouais au tennis parce que je m’y sentais obligée. Je voulais être dans les meilleures, ne pas perdre. Mais j’avais du mal à trouver une finalité à ce que je faisais. Aujourd’hui, je sais que Dieu m’a donné « a gift », un talent pour ce sport. Je joue désormais de tout mon cœur pour le glorifier. Et à l’écouter, Dieu s’en sert pour l’enseigner sur bien des choses : A travers ma pratique du tennis, le Seigneur me montre beaucoup de choses applicables à ma vie de foi : la discipline, le courage ... La persévérance également, sur le court comme dans la prière : Moins on prie et moins on a envie de prier. C’est comme avec une personne : si on passe du temps avec elle, on va la connaître mieux et on aura envie de passer toujours plus de temps avec elle.
Une fondation pour financer des projets missionnaires
Sur le court central, des gamins courent désormais dans tous les sens. Des gradins, ils ressemblent à des petites balles multicolores. Mary les regarde, belle et sereine. Son sweat-shirt tout blanc lui donne un air angélique. Après ma conversion, je pensais que tout serait parfait, que je n’aurais plus de problème. J’ai vite compris que ça ne se passait pas tout à fait comme ça. Mais c’est reposant de savoir que votre vie est entre les mains de Dieu, qu’il est fidèle. Il m’a plusieurs fois montré des choses splendides, alors, comment ne pas lui faire confiance ? Ainsi Mary se sent-elle appelée à servir Dieu dans tout ce qu’elle fait. Pour l’instant, dans le tennis. Quand sa carrière prendra fin, elle souhaiterait se rendre en Afrique, s’occuper des enfants et des personnes âgées. Je suis en train de crée un site Web et une fondation pour financer des projets missionnaires, humanitaires. Je veux être encore mieux utilisée par le Seigneur, conclut en forme de vœu celle que ses mais surnomment parfois « Marthe ». Parce que je veux tout faire, et bien !, explique-t-elle dans un dernier sourire.
Benjamin Coste, Famille Chrétienne n°1482