Même lorsque sa bourse était vide, ou à peu près, Luther ne renonçait pas à assister les nécessiteux, si bien que sou épouse Catherine. malgré sa charité, trouvait parfois qu'il allait trop loin. Un jour que sa femme était en couches, un indigent vint implorer sa pitié ; il alla prendre les cadeaux que les parrains et marraines venaient d'offrir au nouveau-né à l'occasion du baptême et les lui donna. Catherine s'étant aperçue au bout de quelque temps que le petit trésor avait disparu, jugea à propos de sermonner un peu son mari. « Chère Catherine, lui répondit Luther avec calme, Dieu est riche, Il nous le, remplacera. »
Lorsqu'il n'avait pas d'argent, venait le tour des bijoux et d'autres objets précieux. Ainsi, pour procurer à quelqu'un un prêt dont il avait besoin. il mit en gage quatre gobelets d'argent. et lorsqu'un pauvre étudiant lui demanda, un jour, du secours, il saisit, malgré les coups d'œil que lui lançait sa femme et les protestations du jeune homme, une coupe de, vermeil que l'électeur venait de lui offrir, l'écrasa entre ses mains et la remit à l'étudiant en disant: «Je n'ai pas besoin d'une coupe d'argent ; tiens, porte-la chez l'orfèvre. »
Luther se promenant un jour avec le docteur Jonas. fit l'aumône à des pauvres qui passaient. Le docteur Jonas l'imita en disant : « Qui sait si Dieu me le rendra ? » Luther lui répondit : « Vous oubliez que Dieu vous l'a donné. »
(F. Luther.)