Le philosophe Sören Kierkegaard a écrit cette belle page:
«Imagine-toi un très grand paquebot, plus vaste encore que ceux qui sillonnent les mers actuellement, avec un millier de personnes à bord. Tout est luxueux. Dans la cabine, l’ambiance est joyeuse, et le plus gai de tous, c’est encore le capitaine. A l’horizon monte un point blanc, annonciateur d’une nuit terrible. Personne ne voit cette minuscule tache blanche ou ne devine ce qu’elle signifie. Pourtant, il y a quelqu’un qui l’aperçoit et qui sait ce que cela annonce. C’est un passager. Il n’a aucun pouvoir sur ce bateau et ne peut rien entreprendre. La seule chose qu’il puisse faire, c’est d’aller prévenir le capitaine et de le prier de monter un instant sur le pont. Le temps passe. Enfin le capitaine apparaît, mais il ne veut rien entendre et se dépêche de redescendre en plaisantant dans la cabine pour retrouver ses amis en fête. Dans son angoisse, le malheureux passager prend le risque d’appeler à nouveau le capitaine. Cette fois, il y met moins de formes et se montre même impoli. Le point blanc menace toujours à l’horizon. Une nuit épouvantable en perspective! Il est terrifiant que le capitaine, à la tête d’un millier de passagers insouciants, ne veuille rien savoir du danger. Plus terrifiant encore que le seul à apercevoir ce danger et à être conscient de la catastrophe imminente ne soit qu’un passager!»
Kierkegaard s’est servi de cette illustration pour décrire la situation spirituelle au Danemark, il y a 150 ans. Mais je pense qu’elle reste valable pour nous aujourd’hui.
Auteur inconnu