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mardi 21 avril 2015

AVEZ-VOUS LEVÉ L'ANCRE?


Figurez-vous la situation désespérée de deux matelots ivres qui voulaient traverser un bras de mer en Ecosse. C'était par une nuit sombre. Le détroit n'était pas large, et en temps ordinaire vingt minutes suffisaient pour le traverser. Au moment dont je parle, les deux matelots étaient fort pressés de rentrer chez eux.

Arrivés au bord de l'eau, ils montèrent dans leur embarcation et se mirent à ramer de toutes leurs forces, espérant atteindre l'autre rive plus vite que d'habitude. Cependant, malgré tous leurs efforts, jamais ce trajet ne leur avait paru si long.

En vain ra­maient-ils à coups redoublés, le bateau restait tou­jours en pleine eau et l'on ne sentait jamais le léger choc de la proue lorsqu'elle touche la plage. Il n'y avait pas de courant dans le petit détroit; mais nos deux matelots, toujours sous l'effet de la boisson, s'imaginaient que la marée leur était contraire.

Ils redoublèrent donc d'énergie, ils rassemblèrent toute leur vigueur pour faire de nouveau force de rames ; néanmoins ils n'attei­gnaient pas le bord. Ils étaient hors d'eux. Cer­tes, se disaient-ils, le bateau est ensorcelé, ou bien nous le sommes nous-mêmes!

— Les heures s'écoulaient, l'aube du jour commençait déjà à luire sur l'horizon, enfin la lumière croissante de l'aurore vint révéler à nos matelots, maintenant désenivrés, la cause de leur malheur. —

Hé ! ca­marade, s'écria l'un d'eux, en regardant vers l'a­vant du bateau, nous n'avons pas levé l'ancre!

C'était en effet vrai; maintenant ils savaient pourquoi toutes leurs peines avaient été inutiles.

La sottise des deux matelots vous fait rire; il y a de quoi, mais combien d'âmes sont dans le même cas ! Maint pauvre pécheur s'est efforcé de croire (quelque étrange que cela puisse paraître), mais tous ses efforts ont été vains : la paix du cœur est aussi éloignée que jamais. Tous les moyens de grâce n'ont apporté aucun secours; la prière n'a amené aucune réponse de joie. L'âme malheureuse, poussée au désespoir, jette la faute sur le diable, sur une chance fatale, sur n'im­porte quoi ; et quant à la véritable cause de son état, elle n'y songe pas, cela ne lui vient pas même à l'esprit.
Le cœur se cramponne à des espérances fondées sur une propre justice qu'on ne veut pas lâcher ; — il nourrit secrètement les choses qui le retien­nent sous la puissance de la mort ; — il ne veut pas se laisser aller avec une confiance enfantine dans les bras de Jésus.
Et vous, cher lecteur, où en êtes-vous? Avez-vous levé l'ancre? Avez-vous fait l'abandon de vous-même? Si non, tous vos efforts sont vains, vos prières inutiles. Levez donc votre ancre ; dé­tachez-vous de toute fausse confiance en tout ce qui vous a retenu jusqu'ici ; jetez-vous, tel que vous êtes, sans rames ni gouvernail, dans les bras de Jésus; et là vous éprouverez pour vous-même la réalité de cette parole : « Je ne mettrai point dehors celui qui vient à moi. » (Jean 6,37)
Et si quelqu'un n'accomplit pas d'œuvres mais place sa confiance en Dieu qui déclare justes les pécheurs, Dieu le déclare juste en portant sa foi à son crédit. (Romains 4, 5).
F. L.
Source : Le salut de Dieu, bulletin chrétien, 1873