La souffrance a t-elle un sens ? Nous avons tous -et c'est normal- le désir d'interpréter, d'expliciter les choses, c'est-à-dire d'établir des relations causales, des liens, afin de donner un sens aux événements. Les situations deviennent ainsi moins illogiques ; elles entrent dans un tissu de continuité. La souffrance, elle, est vécue comme absurde, comme une rupture, une incohérence dans la logique de notre conception du monde. Dans son essence nous la percevons comme injuste.
Dans une certaine mesure, quand la souffrance est l'indicateur d'une anomalie modifiable, nous avons tout à gagner à en chercher la cause, afin de la traiter. Le fatalisme, qui consiste à accepter toute situation difficile sans rien dire, est de l'auto-annihilation. La souffrance n'a rien de bon en elle-même. Elle n'a pas de vertu curative ou pénitentielle. (Heureusement, dans le domaine médical, la situation est en train de changer par rapport à cela Il existe aujourd'hui une médication analgésique adéquate et efficace).
Toutefois, s'il est juste de se poser un minimum de questions, nous ne pouvons pas chercher les raisons à toutes les souffrances, sous peine de risquer de tomber dans le négationnisme ou de tenir des propos inacceptables. Ainsi, vouloir expliquer la douleur immense de l'holocauste, de la torture, d'une catastrophe climatique ou tellurique, risque de nous faire penser et dire n'importe quoi. Nous risquons d'avoir des propos vexatoires, humiliants, injustes ou discriminatoires. De plus, la douleur n'a plus de raison d'être entendue ni exprimée si elle est trop expliquée, trop rationalisée. Elle deviendrait alors partie intégrante des choses normales de la vie, au lieu d'être un indicateur d'anormalité. Ce n'est pas parce que je sais que j'ai un cancer incurable que je dois trouver ma douleur "acceptable" et que je n'ai plus besoin de l'exprimer.
Source : A toi de voir
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