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lundi 18 février 2013

Témoignage du pasteur Guy Bergamini (partie 1)


« Il n’y a pas de Dieu, il n’y a pas de Dieu » criait ma mère, folle de chagrin lorsque mon beau-frère est revenu de l’hôpital, annonçant la mort de ma jeune sœur Liliane, âgée de 11 ans, mon aînée de trois ans.
Ce dimanche soir, une embolie l’emporta. Atteinte de leucémie, depuis plusieurs mois, la maladie a eu raison de sa jeunesse. Je la vois encore, assise sur son fauteuil roulant, les yeux révulsés, bégayant ses dernières paroles « je m’en vais, je vois Jésus, Jésus… »
D’une certaine manière, j’étais content. Elle n’aurait plus à souffrir, pas seulement de la maladie qui la rongeait mais aussi de toutes les souffrances morales et psychologiques que notre père, alcoolique et violent, nous faisait tous souffrir. Je n’ai aucun souvenir d’un moment de tendresse avec lui.
Nous subissions fréquemment des coups, des agressions verbales, des insultes. La vie était dure, sans argent, et nous étions obligés de travailler dans une grande épicerie, après l’école, pour payer les crédits. Ma mère faisait des ménages.
L’atmosphère de la maison se détériora davantage après la mort de ma sœur et ce, jusqu’au divorce de mes parents. Nous vivions dans un quartier où nombre d’immigrés italiens habitaient.
La plupart travaillaient comme mon père à l’usine Peugeot automobiles. Chaque samedi, la même rengaine, il mettait son costume, passait chez le coiffeur et commençait la tournée des bars et des cabarets de la ville.
Combien de fois, tout jeune, j’allais la nuit le rechercher, ivre mort, effondré sur un trottoir.Rapidement, à mon adolescence, la famille se disloqua.
Après des démêlés avec la justice, mon frère aîné parti pour l’Algérie, dans les commandos de Marine.
Pour ma part, la scolarité devient rapidement épique. Une vraie montagne russe. Dès l’âge de 14 ans, j’ai commencé à traîner, pas grand-chose ne m’intéressait sinon la musique des Rolling Stones, la marijuana et les filles.
Pendant trois ans mon adolescence se passa dans la violence et la petite délinquance. La haine contre toute autorité ravageait mon cœur. Mon père en paya les frais, lorsqu’un soir, ivre et violent, il s’attaqua à moi avec un couteau. Ce soir là, j’ai attenté à ses jours et je suis parti de la maison pour toujours.
Je vivais dans une petite chambre chez ma grande sœur et chez des amis. A cette période, j’ai eu peur et je n’osais pas envisager mon avenir. Je vivais au jour le jour avec une bande de hippies, accroché à la drogue et à la musique. Je courrais de festival pop en festival, de pays en pays, en espérant aller un jour aux Indes.

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