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mardi 26 mai 2009

Croire en Dieu : est-ce bien naturel ?



La foi religieuse est-elle naturelle ou culturelle ? Vaste question à laquelle vont s’atteler pendant trois ans des chercheurs de l’université d’Oxford dans le cadre d’une très sérieuse étude qui ne coûtera pas moins de 1,9 million de livres (2,5 millions d’euros).
Il ne s’agit pas de statuer sur l’existence ou la non-existence d’un être divin, mais bien davantage de savoir si le fait de croire en Dieu aurait pu conférer à l’espèce humaine une quelconque supériorité évolutionniste, et si l’apparition du sentiment religieux ne dériverait pas d’autres caractéristiques des sociétés humaines, comme la sociabilité.

Les chercheurs du Centre Ian Ramsey pour la science et la religion et ceux du Centre pour l’anthropologie et l’esprit s’appuieront sur les sciences cognitives pour mettre au point “une approche scientifique permettant de comprendre pourquoi nous croyons en Dieu et de répondre à bien d’autres questions sur la nature et l’origine de la croyance religieuse”.
“Nous voulons savoir précisément en quoi la foi religieuse est innée. Nous pensons qu’il s’agit là d’un sentiment bien plus naturel que ne le supposent beaucoup de gens”, explique le psychologue chrétien Justin Barrett, qui a aussi bien soutenu les thèses de l’athée Richard Dawkins que celles de son détracteur le théologien chrétien Alistair McGrath.

Rédacteur en chef du Journal of Cognition and Culture et auteur de l’ouvrage Why Would Anyone Believe in God? [Comment se fait-il que l’on croie en Dieu ?], Justin Barrett compare les croyants à des enfants de 3 ans qui sont “convaincus que les autres savent pratiquement tout ce qu’il y a à savoir”. Si cette certitude s’amenuise avec l’âge et l’expérience, elle n’en reste pas moins indispensable pour permettre aux êtres humains d’entretenir des rapports sociaux productifs, et elle trouve son prolongement dans le sentiment religieux. “Cette tendance infantile persiste généralement jusque dans la vie adulte, car elle est facile, intuitive et naturelle, explique-t-il. Elle correspond à nos présupposés sur le monde.”

Entre autres grandes questions, les chercheurs se demanderont si les conflits religieux sont inhérents à la nature humaine, ou encore si la croyance dans un au-delà relève de l’acquis ou d’un inné que nous devrions à la sélection naturelle. “L’étape suivante, ajoute le Dr Barrett, consistera donc à se pencher sur certaines problématiques précises – par exemple, quelles croyances religieuses l’esprit humain peut-il appréhender de la façon la plus courante et la plus naturelle ?” Les aspects les plus intéressants de cette recherche tiennent par exemple aux différentes façons d’aborder le polythéisme et le monothéisme, et aux rapports entre la religion et la théorie de l’évolution des espèces.

Justin Barrett et son collègue Roger Trigg se demanderont si la religion est une composante du processus de sélection qui a permis aux humains de survivre ou si ce n’est qu’un produit dérivé de l’évolution.
Cette étude, assortie de séminaires et d’ateliers, est financée par la Fondation John Templeton, qui soutient des projets de recherche sur la religion, les sciences et la spiritualité. Sur les 2,5 millions d’euros alloués, 1 million est destiné à un concours qui récompensera 41 projets différents sous forme de petites bourses.

Ruth Gledhill
The Times

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